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Message de Robert Bret

lundi 9 octobre 2000, par Solidarité Résistance Antifa

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Monsieur Robert BRET
Sénateur des Bouches-du-Rhône
Conseiller Municipal de Marseille

Marseille, lundi 9 octobre 2000

Conférence de presse pour la libération d’Yves PEIRAT
Comité de soutien à Yves PEIRAT

Mesdames, Messieurs, Chers Amis

Retenu à Marseille par des engagements pris antérieurement, il ne m’était pas possible d’être, à vos côtés aujourd’hui. Croyez bien que je le regrette. Néanmoins je tiens, par la présente, à vous témoigner mon soutien pour la cause qui vous réunit ce jour.

Ma participation au Comité de soutien et mon engagement pour exiger la libération d’Yves PEIRAT - alors que je n’approuve aucunement le type de méthodes qu’il a utilisé pour combattre le FN - ont une signification claire : mon hostilité et mon aversion à l’égard de l’extrême droite, de son idéologie basée sur le rejet de l’autre, parce qu’il est différent de par la couleur de sa peau, mais aussi de par sa religion, sa culture, sa nationalité.

Aujourd’hui c’est un bien triste « anniversaire » que nous célébrons : les 12 mois de détention provisoire qu’Yves PEIRAT a déjà effectué aux Baumettes.

A l’heure où l’on évoque beaucoup la réforme de la Justice, le principe de la détention provisoire, les alternatives à l’incarcération et les conditions de détention en prison - j’en sais quelque chose, croyez moi, après avoir visité plusieurs Maisons d’Arrêt dans le cadre de la Commission d’enquête au Sénat dont j’étais membre - le maintien d’Yves PEIRAT en détention préventive depuis 12 mois est difficilement justifiable, voire inacceptable.

Précisons, une fois encore, qu’il n’y a jamais eu intention de porter atteinte aux personnes, qu’aucune des explosions n’a entraîné de morts ou de blessés. La Police elle-même le reconnaît. Chaque fois les charges étaient légères et elles n’ont entraîné que des dégâts matériels.

Permettez-moi de rappeler que la mise en détention provisoire a pour objectif de conserver les preuves, de garantir le maintien de la personne à la disposition la justice ou de mettre fin à l’infraction ou de prévenir un « trouble à l’ordre public », notion extrêmement floue permettant tous les abus.

A l’occasion de la visite des Baumettes, que j’avais effectuée pour la Commission d’enquête du Sénat j’ai pu rencontrer Yves PEIRAT le 19 avril dernier et nous avions longuement discuté.

Yves revendique effectivement ces attentats dans le cadre du combat politique qu’il mène contre le FN dans ses actions ont toujours été d’ordre symbolique. Entre la date de son arrestation et la dernière action à I’encontre d’un siège du FN, une année s’était écoulée. Il avait donc renoncé, depuis, à ce type d’action.

Autrement dit, sa remise en liberté aujourd’hui, que nous demandons instamment, n’aurait aucun effet, ni sur l’ordre public ni sur le déroulement de l’instruction en cour puisque Yves. PIERAT reconnaît et revendique les fait. Il ne cherche pas à fuir la justice.

Et pourtant, le jugement de son appel pour mettre un terme à sa détention provisoire est éloquent. Je cite : « Les présomptions qui pèsent sur YVES PEIRAT sont lourdes et se rapportent à des faits graves qui, compte tenu de leurs circonstances et de leur nature, ont exposé à un grave danger les personnes et les biens publics, s’agissant de destructions par explosifs pour des mobiles politiques, et ont provoqué un trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public, auquel la détention provisoire est l’unique moyen de mettre fin et de prévenir le renouvellement de telles infractions. La personnalité de la personne mise en examen qui n’exprime aucun regret des actes graves qu’il reconnaît avoir commis au nom de ses convictions politiques, et les assume de façon déterminée, exclu toutes garanties de représentation. La détention provisoire est nécessaire à titre de sûreté »

D’autre part, laisser Yves PEIRAT en prison, c’est faire un amalgame de responsabilités, pourtant totalement différentes, entre l’assassin d’Ibrahim ALIM, condamné à 15 ans de réclusion, ceux qui sont moralement responsables de ce meurtre et qui sont en liberté et Yves PEIRAT qui n’a que voulu crier son indignation, sa révolte en faisant tomber des murs.

Peut-on décemment mettre sur un pied d’égalité les auteurs d’un crime raciste et des militants antifascistes ?

Je réponds non !

Maintenir Yves en prison dans l’attente de. son procès, c’est donner du crédit au Front National qui se positionne en victimes. Ce qui est inacceptable ! ! C’est la politique du Front National qu’il faut mettre à l’index, pas ceux qui la dénoncent.

J’ajouterai, pour finir, qu’il nous faut rester vigilants car le moment du procès venu, nous savons que l’extrême droite, qui s’est portée partie civile, va tout faire pour se présenter comme victime des dégradations matérielles.

Aussi, nous devons faire en sorte qu’une nouvelle manipulation des faits de la part du FN n’ait pas lieu. Car il ne faudra pas se tromper de procès ! C’est bien le procès du FN qui doit avoir lieu et pas celui de ce militant antifasciste. Nous aurons à rappeler que le racisme est, au terme de la loi, un délit passible d’amende et d’années de prison.

Pour toutes ces raisons, Yves PEIRAT devra sortir libre de ce procès.

Robert BRET


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